Pondichéry, La France En Inde.
Située sur la côte au Sud-Est de l’Inde, la ville de Pondichéry (renommée Puducherry en 2006), est nimbée d’une aura toute particulière pour les voyageurs français et chargée d’un imaginaire mêlant corsaires, tropiques et Inde fantasmatique. Cet ex-comptoir de la Compagnie des Indes Orientales Française, au riche passé historique est aujourd’hui un centre d’attraction pour les touristes, les chercheurs scientifiques ou spirituels et les hommes d’affaire de France et du monde entier. Entre modernité, vestiges coloniaux et traditions culturelles tamoules, Pondichéry offre au visiteur un visage très original de l’Inde du Sud.
Un peu d’histoire
Des pièces de monnaie antique attestent d’échanges commerciaux qu’un petit village côtier qui ne s’appelait pas encore Pondichéry entretenait avec l’Empire Romain dès le Ie siècle de notre ère. À cette période, la côte de Coromandel (nom de la partie du golfe du Bengale où se situe Pondichéry) était également déjà connue des négociants égyptiens. Au cours des siècles, la petite ville commerçante est passée de la domination des Pallavas de Kanchipuram, à la puissante dynastie des Cholas de Tanjore qui construisit de nombreux temples comme celui dédié à Vishnou, le temple Varadaraja Perumal, encore en activité aujourd’hui à Pondichéry.
Bien que les eaux basses qui entourent la ville ne soient pas très favorables à la navigation, le fait que Pondichéry soit située sur une embouchure de rivière permettant le transport des marchandises de l’intérieur des terres suscita la convoitise de nombreux empires coloniaux. Les Pays-Bas, le Danemark, l’Angleterre et la France se sont battus pour s’y installer. Au XVIIe siècle, la France y établit son comptoir de la Compagnie des Indes Orientales.
Un comptoir français
En se promenant dans la partie « coloniale » de la ville, située à proximité de la mer et séparée de la ville indienne par un canal, on est frappé par tous les vestiges de la splendeur coloniale française. Maisons à colonnades et bâtiments publics remarquables bordent des rues aux noms français : rue Romain Rolland, rue St Gilles ou court Chabrol (la promenade de bord de mer). La Compagnie des Indes Orientales Française y avait installé son siège bien qu’elle ait en tout cinq comptoirs dans toute l’Inde, ce qui explique tout le soin mis dans l’architecture de la ville.
En 1947, à l’indépendance de l’Inde, les comptoirs français prennent d’abord le statut de territoires d’outre-mer avant de devenirs territoires de l’Union Indienne en 1954. Les cinq villes composant les comptoirs français sont aujourd’hui toutes réunies sous le nom de Pondichéry même si elles sont distantes les unes des autres.
S’il est de plus en plus rare de croiser des tamouls parlant français dans la ville de Pondichéry, qu’on appelle aussi affectueusement « Pondy », l’empreinte française y reste très forte, ne serait-ce que par la présence d’un imposant lycée français, d’un consulat et d’une alliance française ainsi que d’institutions comme l’École Française d’Extrême Orient. Et en fin de journée, le long du canal au Nord de la ville, on peut même voir des Pondichériens jouer à … la pétanque !
Une petite enclave cosmopolite
Aujourd’hui la ville compte près de 250 000 habitants (mais l’agglomération frise le million de résidents). Elle est une destination de choix pour les touristes indiens à la recherche de calme, de plages et d’endroits festifs sur la côte Est autant que pour les voyageurs du monde entier qui veulent découvrir une facette moins connue de l’Inde. S’y croisent des étudiants des grandes villes du Sud comme Bangalore ou Chennai (anciennement Madras) venus y passer le week-end, des touristes français sur les traces d’un passé colonial, des chercheurs de tous pays invités par les universités de Pondichéry ou le prestigieux Institut Français de Pondichéry dont le magnifique bâtiment est un des fleurons de l’architecture coloniale française. Pondichéry est une petite enclave cosmopolite dont le rythme de vie est bien loin des frénétiques métropoles indiennes.
À la fois culturelle et commerciale, Pondichéry, avec sa taille humaine permet au voyageur d’expérimenter une autre Inde, celle des ex-comptoirs français. Héritière d’une longue tradition de tissage du coton, elle fera le bonheur tous les amateurs de shopping qui déambuleront dans ses marchés et bazars avec plaisir. Elle comblera également les passionnés d’histoire ou d’architecture avec tous ses vestiges et musées qu’elle propose. Enfin, tous les voyageurs profiteront de son atmosphère décontractée et provinciale délicieusement désuète, au cours d’un circuit en Inde du Sud.
Pascal Sieger