La Danse Bollywood
Le terme « Bollywood » évoque pour la plupart des spectateurs occidentaux les images des scènes de danse caractéristiques du cinéma indien. Une véritable passion planétaire pour la « danse Bollywood » s’est même développée depuis une dizaine d’année et de plus en plus de cours de ce genre chorégraphique sont proposés dans de très nombreux pays européens ou américains. Mais d’où vient véritablement cette danse ? Quelle est son histoire ?
Bollywood, Tollywood ou Kollywood : un cinéma plein de musique et de danse
Bollywood est un terme qui a été construit dans les années 1970 en associant la première lettre de Bombay, la capitale du cinéma commercial en Inde, et Hollywood. Mais en fait, on avait déjà utilisé ce procédé dans les années 1930 pour qualifier le cinéma bengali de Calcutta dont les studios se trouvaient à Tollygunge et qui était devenu « Tollywood ». Le cinéma tamoul, quant à lui, se fait appeler « Kollywood », en référence aux studios de Madras situés à Kodambakkam.
Cependant, hors de l’Inde, Bollywood désigne le cinéma commercial indien en général. Et ce cinéma reprend les ingrédients de la tradition des arts de la scène en Inde consignés dans le traité du théâtre bimillénaire : le Nāṭyaśāstra (lire notre article sur les danses indiennes). On y retrouve donc à la fois des scènes jouées, de l’action, des chansons et des danses.
Le cinéma a été jusqu’à la fin des années 1990 le divertissement le plus populaire en Inde. Le prix d’entrée en était modique et la production phénoménale. La télé a peu à peu remplacé les grands écrans mais les Indiens du continent comme ceux de la diaspora, qui ont largement contribué à la popularisation de Bollywood, sont toujours aussi friands de 7ème art. Ils ont été rejoints par des amateurs du monde entier qui échangent les DVD et attendent la sortie du prochain succès.
Une danse hybride très singulière
Il est difficile aujourd’hui de nommer toutes les influences à l’origine des chorégraphies actuelles du cinéma indien. Jusqu’aux années 1960 on y retrouvait surtout des éléments de bharata natyam (voir article Bharata natyam) et des autres formes classiques ou folkloriques de danses indiennes. Mais depuis, on y a rajouté des mouvements de rock, de « break dance », de danse orientale (type danse du ventre) ou de « modern jazz » entre autres. Les chorégraphies modernes ont tendance à intégrer tous les éléments spectaculaires des clips de variété internationale ou même de spectacles de danse contemporaine.
Farah Khan, ex-actrice sans formation de danse classique indienne devenue l’une des chorégraphes les plus célèbres du cinéma indien, avoue ainsi avoir été principalement influencée par Michael Jackson dont la vidéo Thriller a été le déclencheur de sa carrière.
On retrouve principalement dans les films trois types de chorégraphies : les numéros romantiques en duo, les mouvements d’ensemble très énergiques et des danses très lascives voire érotiques (dans les limites de la bienséance indienne).
L’importance accordée aux costumes est majeure, ils sont un signe essentiel dont dépend l’ambiance de la scène : extravagants, kitschissimes ou classiques tous témoignent d’un amour débordant pour les couleurs éclatantes, le strass et les paillettes. S’appuyant sur des musiques populaires aux sonorités actuelles mais avec une touche d’indianité et des paroles dans une langue indienne, la danse Bollywood est un genre très reconnaissable à part entière.
Un succès populaire mondial
Avant de devenir un succès planétaire, le cinéma hindi (du nom de la langue parlée dans ces films) avait déjà ses fans outre-mer depuis longtemps : dans toute la diaspora indienne, bien entendu mais aussi au Moyen-Orient, en Afrique et en Union Soviétique.
Aujourd’hui la danse Bollywood est devenue l’un des grands styles chorégraphiques : grâce à son côté exotique, elle a fait son entrée à Hollywood dans les années 2000 avec Ghost World qui présentait dans sa scène d’ouverture un extrait du film Gumnaam, immense succès de Bollywood de 1965, et surtout avec Moulin Rouge de Baz Luhrman et sa célèbre scène Hindi Sad Diamonds tournée à Bombay.
Des comédies musicales comme Bharati ou Bollywood Legends reprennent sur toutes les scènes du monde l’esprit de ces chorégraphies. Ainsi ce genre typiquement cinématographique au départ se transforme-t-il en spectacle vivant. Les chorégraphies filmées imitées pendant des décennies par tous les enfants indiens au cours des réunions de famille sous l’œil attendri des adultes ont obtenu leurs lettres de noblesses et sont jouées dans les plus grands music halls du monde.
De nos jours on peut se former à la danse Bollywood dans des écoles qui ont fleuri dans toutes les villes indiennes et même en Europe. On y apprend une danse qui peut être gracieuse ou acrobatique, lente et expressive ou musclée et sportive mais en perpétuelle évolution, toujours inventive tout en restant ancrée dans une tradition typiquement indienne.
Le Bollywood n’est pas la seule danse pratiquée en Inde, loin de là. Vous pouvez découvrir d’autres danses pratiquées dans cet article dédié aux danses pratiquées en Inde et, en partant avec nous, vous pourrez même apprendre à les pratiquer.
Voici un extrait de film Bollywood populaire, à découvrir…