La Méditation
Du fakir de Tintin dans Les cigares du Pharaon aux statuettes du Bouddha assis, l’image du méditant a nourri l’imaginaire occidental pendant des décennies avant que la méditation ne devienne une pratique répandue dans tous les milieux et partout dans le monde. Quelles sont ses origines ? Quels sont ses objectifs ? Comment expliquer son succès actuel ?
Les origines
Les origines de la méditation se perdent dans la nuit des temps. Elle est ou a été au cœur de nombreuses traditions spirituelles en Occident autant qu’en Orient. Cependant de nos jours, la méditation est plutôt associée à des religions ou philosophies asiatiques : bouddhisme ou hindouisme, qui en ont formalisé la pratique en décrivant les exercices permettant de méditer. On trouve ainsi dans les Yoga Sutra de Patanjali écrits vers le début de notre ère des indications sur les techniques de méditation. Le bouddhisme est, quant à lui, une philosophie qui doit tout à la méditation puisque le premier Bouddha, Siddhârta le fondateur de la religion, atteignit l’illumination en méditant il y a plus de 25 siècles. Certains vont même jusqu’à affirmer que « dans le bouddhisme, il n’y a pas de textes sacrés, c’est la méditation qui en tient lieu ! »[1]. Cette image de la médiation marquée par la spiritualité orientale est en passe de changer avec la sécularisation de cette pratique comme nous le verrons plus loin.
Des pratiques diverses
L’objectif principal de toute méditation est la recherche de la vérité, cependant ce qu’on entend par vérité diffère considérablement d’une pratique méditative à l’autre. Alors qu’elle permet à l’Hindou de chercher le divin en soi et au Bouddhiste d’atteindre le détachement, elle est une communion totale avec Dieu pour les Soufis et une manière de s’éloigner du péché et de la tentation pour les Chrétiens.
En Orient, de nombreuses traditions sont représentées : du zen au bouddhisme theravada, du yoga au taoïsme Qu’il médite assis en lotus, debout, en déambulant ou dans des postures de yoga complexes, avec des accessoires permettant de fixer son attention (sonores comme les cloches ou visuels comme les mandalas) ou face à un mur dans le silence, le méditant est à la recherche de la paix intérieure et d’un certain équilibre. C’est cette recherche qui unit toutes les pratiques de la méditation et qui dépasse depuis les années 1960 le cadre des disciplines spirituelles ou religieuses.
La méditation aujourd’hui
A la fin des années 1960, les Beatles se sont tournés vers le Yogi Maharishi Mahesh, le fondateur de la méditation transcendantale et ont suivi son enseignement sous l’œil attentif des médias. A l’instar de toute une génération de baby-boomers élevés dans le culte du matériel, ils cherchaient une autre vérité.
La quête spirituelle généralisée des années 1970 a contribué à éveiller l’intérêt des sciences occidentales pour les techniques de méditation dont on a très vite reconnu l’efficacité
dans les cas de troubles d’ordre psychologique ou de pathologies psychosomatiques. De nombreuses études ont été effectuées pour comprendre les effets de la méditation. Elles ont conduit dans certains cas à une séparation de la méditation de la dicipline spirituelle pour n’en conserver que les vertus thérapeutiques Ainsi la MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction – Réduction du stress par la pleine conscience) qui rencontre un succès grandissant en France propose-t-elle un programme de gestion du stress et de la douleur par la méditation.
Aujourd’hui, la méditation est même entrée à l’hôpital, dans les services antidouleur ou dans des programmes d’éducation thérapeutique où elle est proposée comme une technique d’accompagnement pour des traitements lourds.
Technique quasiment trois fois millénaire, la méditation est donc pour la plupart des praticiens du monde entier un moyen de trouver un apaisement, que ce soit pour permettre à un traitement d’avoir plus d’efficacité ou pour se détacher de soucis qui prennent une place disproportionnée dans la vie quotidienne. La méditation s’apprend aujourd’hui dans de nombreux centres qui lui sont dédiés avec des instructeurs formés. Encore liée à une pratique religieuse quotidienne pour des millions de gens, elle a débordé ce cadre et est aussi devenue de nos jours un des outils très prisés par les psychologues, par des programmes de développement personnel ou même par des services hospitaliers pour lesquels ses bénéfices sont irremplaçables.
[1] Ajahn Brahm cité par Fabrice Midal (2014) La méditation, Paris, PUF, p. 39.